HISTOIRE DE BELLEVAUX |
Les MEYNET-MEUNIER. |
Au XIVe siècle, des MEYNET, descendants des premiers disciples de Pierre Valdo, les Pauvres de Lyon, fuyant les bûchers de l'Inquisition, ont trouvé refuge en deux lieux écartés de la seigneurie bénédictine de Bellevaux, Sur les Monts et Terramont.
Ils sont venus avec les particularismes de leur parler franco-provençal, leurs traits de caractère et leur savoir faire dans la mise en culture des terres, la construction des habitations, des scieries, des moulins et dans l'artisanat.
Depuis cette arrivée en nombre des Meynet, les deux villages de Sur les Monts et Terramont ont toujours constitué le gros de la population de la seigneurie de Bellevaux.
Aussi, le Curé Sage (1870-1896) ne pouvait pas ne pas avoir à l'esprit les Meynet lorsque, dans ses " Notes sur la Paroisse de Bellevaux ", il écrivait : " Après la mort du ministre (pasteur, assassiné au retour des Quarante-Heures de Thonon du 30 septembre 1598), la religion protestante prit fin à Bellevaux , tout en y laissant une queue qui, aujourd'hui, est encore vivante. En effet les habitants de Bellevaux sont naturellement orgueilleux, fiers, indépendants, raisonneurs, incapables de faire un acte extérieur d'humilité, peu francs, très attachés à la matière dans les questions commerciales, esclaves de leurs sens, adonnés à la boisson, à la gourmandise et à la sensualité, toujours sur le qui vive à l'égard de leurs prêtres dont ils épient toute la conduite, toutes les paroles, tous les gestes et dont ils
critiquent avec une facilité alarmante les avis, les instructions et les réprimandes et qu'ils appellent volontiers hommes d'argent lorsqu'ils exigent
leurs droits stricts. Enfin, ils voudraient entendre sortir de leur bouche que des paroles flatteuses et agréables et être l'objet de leurs attentions et surtout de leurs générosités. Or malgré tous ces mauvais penchants, la foi est restée vive dans nos habitants de Bellevaux qui sont généralement des chrétiens pratiquants et observant régulièrement tous les préceptes de la religion catholique et romaine. "
Dans un groupe de familles portant toutes le même patronyme, c'est souvent le métier du père qui est à l'origine du surnom distinctif de chacun des membre de la famille. Parmi les chefs de famille Meinet recensés en 1568,à Terramont, pour la gabelle du sel, figure un cordonnier, ancêtre de la lignée des Meynet-Cordonnier.
Nos archives de famille nous apprennent qu'au début du XVIIe siècle, il existait une scie et un moulin à Terramont, le long du Nant Brillant, affluent de la rive droite de la Follaz, en bordure du Champ Michaud. Des vestiges de ces installations sont encore visibles dans le bosquet qui enserre le nant, à cet endroit. Nous savons aussi que Pierre, feu Claude Meinet,, né le 13 janvier 1656, décédé en 1709, marié à Louise Arpin, était meunier à Terramont.
Un des fils de Pierre Meinet, Philippe, né le 19 juin 1675, décédé le 19 janvier 1755, marié à Françoise Gaydon, est . Il n'est fait nulle part mention de son métier, mais on peut supposer qu'il était meunier lui aussi, étant fils du meunier et père du meunier qui lui succédera. Il eut 11 enfants, mais trois seulement, semble-t-il, ont fondé une famille.
-Joseph Meinet, nà le 31 janvier 1706, marié à Fançoise Favrat.Sa descendance est inconnue.
-Marie Meinet, nàe le 30 octobre 1712, mariée à Claude Favier-Bron.Lignée des Favier Bron.
-Jean Claude Meinet, , né le 29 juillet 1723, décédé le 24 février 1765, marié le 18 novembre 1749 à Françoise Marie Pasquier, née le 28 avril 1728,décèdée le 22 juillet 1773, fille de Jean Noel Pasquier et de Marie Anne Deforêt.
Jean Claude Meinet était meunier et à sa mort, à 42 ans, sa veuve devient " la meunière "et le restera jusqu'à sa mort, en 1773. Dans les écritures des notaires, les quatre fils sont identifiés par l'appellation " à la meunière ".
-Philippe Meinet " à la meunière ", né le 16 août 1752, décédé le 15 février 1815, marié à Andrée Anne Morel. Descendance inconnue.
-Jean Pierre Meinet " à la meunière ", né le 26 septembre 1755, marié à Josephte Bidal. Descendance perdue de vue.
-François Joseph Meinet " à la meunière ", né le 22 septembre 1761, décédé le 18 février 1835, marié à Françoise Marie Gougain, notre trisaîeul
-Jean Marie Meinet " à la meunière ", né le 13 mars 1764, décédé le 17 mai 1817, marié à Josephte Converset. Descendance perdue de vue.
Notre trisaîeul ne poursuit pas le métier de ses ancêtres, il exerce la profession de marchand ambulant dans le diocèse de Coire, dans les Grisons, en Suisse et en Autriche, tout en conservant son domicile à Terramont. Ses enfants, comme tous les petits enfants de " la meunière ",se voient attribué le surnom de meunier, surnom qui passe à la postérité et qui parfois entre à l'état civil, pour former le patronyme composé Meinet-Meunier ou Meynet-Meunier, cela au bon vouloir de l'officier d'Etat Civil.
-Matthieu François Meinet Meunier, né le 3 mars 1793, décédé le19 octobre 1840, marié en 1e noce à Jeanne Marie Pontet et en 2e noce à Pernette Meinet-Cordonnier. Descendance inconnue.
-Claude Marie Meinet Meunier, né le 22 avril 1798, parti en Tarentaise vers 1850. Descendance inconnue.
-Jean Meinet Meunier, né le 14 mars 1801, décédé le 6 octobre 1833.
-Jacques Meinet Meunier, notre bisaîeul né le 5 novembre 1802, décédé le 11 octobre 1888, marié à Françoise Véronique Meinet Maître-Jacques, fille de Philippe Meinet Maître-Jacques, le Syndic tombé à l'église, le 7 octobre 1828 et de Meinet Françoise.
-Justine Christine Meinet Meunier, née le 2 avril 1805, décède le 8 juin 1893, célibataire.
-Victor Meinet Meunier, né le 29 septembre 1807, décédé le 15 juin 1887, à Andance (Ardèche). Célibataire.
-Joseph Meinet Meunier, né le 10 septembre 1810, décédé le 11 janvier 1866, marié à Julie Meinet Maître-Jacques, fille de Philippe Meinet Maître-Jacques et de Meinet Françoise. Il est le bisaîeul de la branche des Meynet Meunier de Talonnet. (Aîeul, Joseph Euchariste Meynet Meunier, né le 7 juillet 1863,décédé le 10 septembre 1924, marié à Rosalie Baud, fille de Eugène Baud et de Jacqueline Meinet.).
-Angélique Meinet Meunier, née le 31 août 1815, décédée ?? Célibataire.
Les enfants de Jacques Meynet Meunier sont :
-Christine Françoise Meynet Meunier, née le 8 juin 1849, décède le 25 juillet 1929. mariée à François Meynet Maître-Jacques.
-Jacques Joseph Meynet Meunier, né le 31 août 1851,décédé le 5 janvier 1933. Célibataire.
-Victor Marie Meynet Meunier, né le7 mars 1853, décédé le 11 mars 1928, marié à Philomène Baud, fille de Eugène Baud et de Jacqueline Meinet. Il est l'aîeul de la branche des Meynet Meunier de la Cour.
-François Ferdinand Meynet Meunier, né le 13 décembre 1854, décédé le 20 janvier 1878, à Hanoî.
-Ferdinand Meynet-Meunier,né le 20 octobre 1856, décédé lé 14 mai 1938, marié à Justine Baud, Il est l'aîeul de la branche des Meynet-Meunier de Terramont.
-Dominique Alexandre Meynet Meunier, né lé 20 octobre 1856 (jumeau de Ferdinand), décédé en 1940, marié à Apollonie Bernaz. Il est l'aîeul de la branche des Meynet Meunier de Chez le Rey.
-Marie Justine Meynet Meunier, née le14 mars 1858. Religieuse.
-Marie Louise Meynet Meunier, née le 8 octobre 1859. Religieuse.
-Annanie Meynet Meunier, née le 23 décembre 1863. Religieuse.
-Joseph Alphonse Meynet Meunier, né le 14 avril 1866, décédé le 27 octobre 1944. Célibataire
Les Meynet Meunier de La Cour, de Terramont, de Chez le Rey et de Talonnet constituent le lignage actuel, à Bellevaux, fort de quatre générations.
Aux aîeux en ligne directe, il convient de rattacher tous les collatéraux connus et inconnus.
Les Meynet Meunier sont, avec les Meynet-Cordonnier, les deux plus importantes lignées de Meynet issues de Terramont.
Après la guerre de 14-18, les Meynet Meunier de Terramont confectionnaient des brodequins en cuir. Il n'est pas incongru de penser que, à un moment ou à un autre, des Meynet-Cordonnier aient pu faire tourner le moulin de Terramont.
L'histoire des Meynet Meunier ne peut s'écrire sans que soit évoqué le destin tragique de l'un d'eux, François Ferdinand, fils de Jacques Meynet Meunier et de Françoise Véronique Meynet Maître Jaques.
En un temps où le service militaire durait sept ans et où la conscription se faisait par tirage au sort des requis et des exemptés, à sa majorité, François a tiré un mauvais numéro, à moins qu'il n'ait fait un échange avec un conscrit malchanceux mais assez fortuné pour payer un remplaçant, pratique courante alors. Il est incorporé au 4e régiment d'infanterie de marine et est envoyé au Tonkin, conquête récente de la France.
Dans une lettre, de Hanoi, datée du 4 août 1877, pleine d'émotion et de tendresse pour ses parents, il raconte son périple. Après 52 jours de bateau, à dormir sur la planche et à souffrir de la chaleur et de la soif, pour atteindre Saigon, puis encore 7 jours, sur un navire plus petit, jusqu'à Haiphong et enfin 3 jours de canonnière sur le Fleuve Rouge, il débarque, le 29 juillet 1877, à Hanoi. Il décrit la ville avec ses rangées de paillotes qui lui rappellent les vieux chalets de Vallon, ses 140 000 habitants, tous annamites hormis quelques chinois et quatre européens, leurs habitudes de vie, leur façon de se vêtir. IL parle de la caserne , ou résident 90 soldats et 4 officiers et ou il retrouve deux compatriotes, Jacques Bernaz et Dufrène, avec qui il passe tous ses moments libres. Ils sont bien logés et bien nourris. L'exercice est
réglés en fonction de la forte chaleur du milieu de la journée. François dit qu'il supporte bien le climat, que sa santé n'a jamais é té aussi bonne, que tout va bien pour lui.Une seule ombre, l'éloignement de ses parents, 4000 lieues. Au reçu de cette lettre, la famille est rassérénée.
Le 20 janvier 1878, se produit un événement insolite. Jacques, le frère aîné, revenant de Talonnet où il a passé la soirée à jouer aux cartes jusqu'à tard dans la nuit, parvenu à l'entrée du bois, aperçoit un militaire marchant devant lui sur le sentier. Il s'arrête, le militaire fait de même, il appelle, mais le militaire ne répond pas. Intrigué, Jacques reprend sa marche en pressant le pas pour rattraper le militaire, celui-ci accélère son allure et se tient à distance. Il en va ainsi jusqu'à l'approche de la maison familiale, à Terramont. Le militaire disparaît alors dans la nuit. La porte de la maison franchie, Jacques, fortement troublé, conte son aventure, sans pouvoir imaginer la moindre explication.
Quelques semaines plus tard, parvient à Terramont l'avis officiel du décès du soldat François Ferdinand Meynet Meunier, du 4e régiment d'infanterie de marine, âgé de 22ans, survenu à Hanoi, Tonkin, le 20 janvier 1878. Puis arrive une lettre de Hanoi, de Jacques Bernaz, en date du 29 janvier, apportant des précisions sur cette mort. François a été emporté par la fièvre, après 12 jours d'hôpital et malgré les soins des médecins. Il a gardé sa pleine connaissance et s'est résigné à la volonté de Dieu. Les missionnaires sont venus lui apporter les secours de la religion. Il a eu un bel enterrement, le 21 janvier.
Lorsqu'il écrit sa lettre, à Hanoi, Jacques Bernaz ne sait pas que son ami François, en quittant le monde des vivants, dans ce pays lointain, a fait un détour à Terramont, pour saluer une dernière fois, à sa façon, sa famille.
Jean Meynet (Meunier), La Cour 74470 Bellevaux
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